VOYAGE Les enfants,

VOYAGE Les enfants, assis par terre, observent attentivement un robot. Malgré son visage en forme d’iPad, cette machine semble prononcer un sermon devant un public ravi. Nous sommes à l'intérieur du parc Robo de Bucheon, à l'ouest de Séoul. Le parc est empli de robots de toutes sortes, mais il y a un modèle en particulier qui attire les enfants. Sa caractéristique ? Elle fait disparaître des balles et les fait réapparaître sous la forme de tuyaux métalliques, devant les yeux ébahis des plus jeunes. Placés en contrebas, les enfants ne voient pas que les balles entrent et sortent de la table placée derrière. « C'est un mensonge ! » J’ai envie de crier : « Il n'y a pas de magie là-dedans ! » Mais même dans une société aussi avancée que la Séoulienne, je sais que ce n’est pas bien de briser les rêves des enfants. Bien qu’ils soient fascinés par les robots, ils ne le seront plus à l’adolescence. Bien que la technologie soit présente dans la plupart des grandes villes, dans peu de villes elle est parvenue à s’immiscer dans toutes les sphères de la société comme en Corée du Sud. Dans la ville, la technologie est à la fois pratique et fantastique, profonde et ridicule. Situé au centre-ville de Séoul, le nouveau parc LoL est tout ça à la fois. Construit par Riot Games et inauguré en janvier 2019, ce complexe est dédié aux joueurs et aux fans de League of Legends, un jeu d'équipe sur ordinateur sorti en 2009. Il est devenu si populaire en Corée du Sud que les joueurs d'élite sont devenus des célébrités, qui dirigent des équipes dont les contrats valent des millions de dollars. Les meilleurs font fortune en remportant des millions en prize money. Le LoL Park est la rencontre de l’habileté et de la fan mania. La salle principale, qui peut accueillir 500 personnes, semble sortie d’un rêve avec ses néons lumineux. Des équipes de cinq s’affrontent sur un champ de bataille virtuel sous d’immenses écrans HD. Tout est très professionnel : les supporters chantent pour soutenir leur équipe, il y a des rediffusions instantanées, et des commentateurs de Corée du Sud ainsi que deux présentateurs américains sont présents pour commenter l'action aux étrangers qui regardent en ligne. Parfois, ils sont 127 millions dans le monde à assister à ces spectacles. C'est presque un vrai sport. OnFleek, le meilleur joueur de l’équipe victorieuse de Sandbox, a vraiment l’air d’avoir participé à une bataille. Tout en parlant, ce jeune homme de 21 ans, de son vrai nom Kim Jang-gyeom, essuie la sueur de son front. « Cela fait à peine six mois que je suis professionnel », affirme-t-il. « J'ai commencé il y a environ cinq ans, mais je ne prenais pas les choses très au sérieux au début. Maintenant, je pratique environ huit heures par jour. Pendant la saison, je ne joue à rien d'autre. Et quand je joue, je suis complètement concentré. » C’est tout à fait le type de mentalité que l’on retrouve chez les sportifs de haut niveau. Cependant, bien qu’OnFleek ait déjà de nombreux fans, rien à voir avec les stars de la KPop coréenne. 62 THE JAGUAR

Les robots sont une réalité pour les jeunes Séouliens. Les complexes eSport, comme le LoL Park (ci-dessous), accueillent des événements spectaculaires qui rivalisent avec d’autres grands événements sportifs « À SÉOUL, LA TECHNOLOGIE EST À LA FOIS PRATIQUE ET FANTASTIQUE, PROFONDE ET RIDICULE »